Edito et présentation des invités
Timothée : Aujourd’hui, dans Qui l’eût cru, on va parler déchets dangereux, ceux qu’on ne sait pas recycler, qu’on enterre, qu’on incinère, ou qu’on exporte parfois à l’autre bout du monde. Ces déchets-là sont un casse-tête pour les industriels et un vrai poison pour la planète.
Alors oui, je sais, ce n’est peut-être pas le sujet le plus glamour. Mais on a trouvé une solution qui vient casser tous les codes. Et si on vous disait qu’on pouvait, les faire fondre ?
C’est le pari complètement fou d’Heliosand, concentrer la puissance solaire dans une sorte de loupe géante pour atteindre 4000°C et faire fondre les déchets les plus dangereux jusqu’à les transformer en sable, en verre ou en granulats inertes.
Pas de combustion, pas de fumée, pas de rejets : juste du soleil et un procédé breveté de vitrification solaire.
Alors, je vous rassure, moi non plus je n’avais jamais entendu parler de ça. Résultat : ce qui était la pollution d’hier devient une matière pour demain, inerte et réutilisable et tout cela grâce au soleil. Et ça, qui l’eût cru ?
Et pour en discuter, on reçoit Geoffrey Marino de chez Heliosand, l’entreprise à l’origine de cette innovation solaire.
Et pour l’accompagner côté expert, et pour la première fois dans Qui l’eût cru, j’ai le plaisir d’accueillir celui pour qui chaque coucher de soleil est une invitation à lever son verre à la journée passée, le bien nommé Enguerran de chez R3.
Alors, sortez vos plus belles lunettes de soleil : on part faire fondre nos déchets. Bonne écoute !
Parcours et fonctionnement de la solution
Timothée : Comment on arrive à se retrouver dans un projet où on fait fondre des déchets industriels à l’aide d’une gigantesque loupe solaire.
Geoffrey : Alors c’est vrai que c’est un peu étonnant. L’origine du projet venait d’un artiste qui a utilisé une sorte de loupe solaire pour faire fondre du sable du désert et en faire des objets un peu imprimés en 3D. De cette réflexion et de cet artiste, on s’est dit mais en fait, ces objets, cette matière qu’il a créée, ça peut devenir de la matière première. Et c’est de là que vient toute l’origine du projet. C’est pour ça qu’on s’appelle Heliosand, Helio pour le soleil et Sand pour le sable.
Timothée : Justement, revenons sur cette innovation qui est aujourd’hui la seule au monde à débreufter. Ça consiste en quoi et pourquoi ? Ça répond à quels besoins ?
Geoffrey : Alors oui, en effet, on est les seuls au monde aujourd’hui à faire cette proposition de transformer les pires déchets en une matière première, et cela grâce à l’énergie du soleil. Pourquoi ? Cela fait 50 ans que l’industrie est bloquée sur la façon de fabriquer des loupes optiques, des loupes solaires de très grande dimension. Et chez Heliosand, on a dû trouver la solution on l’a trouvée et c’est ce qui nous permet d’avoir un vecteur d’énergie super intense qui permet de monter à 4000 degrés.
Et deuxième point, notre deuxième innovation, c’est que nous avons trouvé comment industrialiser le procédé de transformation de la matière, c’est-à-dire des déchets dangereux, en une nouvelle matière première inerte et dépolluée.

Timothée : Comment on arrive à transformer, moi je ne sais pas, des bouts des stations d’épuration ?
Geoffrey : Alors je vais vous expliquer. Enfant, vous avez sûrement déjà joué avec une loupe, pour concentrer les rayons du soleil et faire chauffer quelque chose. Nous, c’est le même principe. Notre loupe, c’est comme un télescope. Elle va suivre la trajectoire du soleil, elle va concentrer la lumière. Et en ce point, cette zone concentrée, ça monte très très haut en température. Tellement haut que n’importe quel déchet, à ce moment-là, va se transformer en une lave. Et cette lave, une fois qu’elle refroidit, ça devient une roche, comme une roche volcanique, et qui a la particularité d’être, un, dépolluée, et deux, on peut s’en resservir dans le domaine de la construction.
Timothée : Alors pourquoi vous dites dépollués parce qu’on a cette matière, multiples déchets dangereux. C’est quoi les principaux déchets qu’on retrouve ?
Geoffrey : Ce sont des déchets qui contiennent par exemple du fluor, de l’amiante ou d’autres résidus issus, par exemple, de stations d’incinération. Ce sont des résidus toxiques, des atomes qui, en soi, ne sont pas toxiques, mais qui le deviennent lorsqu’ils sont assemblés d’une certaine manière.
Or, dans notre four solaire, lorsqu’ils fondent, tous ces atomes sont réagencés et recombinés en un nouveau matériau. Ils ne sont plus isolés.
Timothée : Donc c’est cela qui fait que, lorsque l’on fait fondre une matière, on recompose moléculairement les produits qui étaient à l’origine toxiques. Comme ces molécules se réassemblent dans un nouveau matériau, totalement inerte, celui-ci n’a plus d’impact toxique sur l’environnement.
Geoffrey : Et pour cela, il existe des tests, bien sûr, réalisés en laboratoire, que tout industriel du secteur des déchets connaît. Il s’agit d’un pack ISDI, qui permet de vérifier si, oui ou non, le déchet est polluant.
Concrètement, le test consiste à prélever de la matière, à la concasser, puis à la placer dans un système avec de l’eau. Après un certain temps, on analyse cette eau afin de vérifier qu’aucune substance toxique n’a été libérée dans l’environnement.
Timothée : Donc ça, c’est quand même absolument incroyable. C’est-à-dire que, demain, je pourrais boire dans un verre en verre, et si j’essaie de comprendre comment il a été fabriqué, ce verre pourrait avoir été produit, quasiment, à partir de déchets contenant de l’amiante.
Geoffrey : Oui, parce qu’il n’y a plus une seule trace d’amiante dans le matériau de sortie. Ça a été transformé, c’est un matériau qui est comme du verre. Donc vraiment inertes et non dangereuses.
Capsule Expert #1
Timothée : C’est peut-être justement, avant de revenir sur le procédé, intéressant, Enguerran, que tu nous parles un peu de la pollution, parce qu’il y en a partout. C’est vrai que c’est un peu le parent pauvre de l’écologie, l’une des limites planétaires oubliées.
L’objectif des Leçons, c’est vraiment de dépolluer les produits dangereux grâce à cette énergie solaire. Mais alors, comment la pollution s’intègre-t-elle dans nos vies, et en quoi constitue-t-elle une limite planétaire ?
Enguerran : Il faut bien comprendre que nous avons l’habitude de parler du changement climatique lorsqu’on évoque l’écologie. C’est un grand défi environnemental, et on en entend parler partout. Mais en réalité, ce n’est pas le seul domaine sur lequel l’activité humaine aune influence.
Par exemple, nous agissons sur la gestion de l’eau douce, sur l’érosion de la biodiversité, sur l’acidification des océans, etc. Il faut faire attention à ne pas tomber dans le tunnel carbone, c’est-à-dire ne penser qu’aux émissions de CO₂.
Les scientifiques ont défini neuf limites planétaires. Et récemment comme tu l’as évoqué dans un précédent podcast nous venons de dépasser la septième.
La pollution chimique est, elle aussi, une limite planétaire, au même titre que le changement climatique. On parle même plus précisément de l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère.
Timothée : Je pense qu’il y a beaucoup de nouvelles entités introduites dans l’environnement par l’être humain. Est-ce que tu peux nous donner quelques exemples ? Parce que là, on a parlé de l’amiante.
Enguerran : Complètement. Avant, on parlait surtout de substances chimiques, mais aujourd’hui on parle plutôt d’entités nouvelles. On y retrouve bien sûr le plastique, les pesticides, les métaux lourds, ainsi que toutes sortes de matériaux microscopiques.
On estime qu’entre 1950 et 2015, nous avons à peu près multiplié par 50 la production de produits chimiques. Et d’ici 2050, cette production devrait encore être multipliée par 3. Les quantités deviennent donc véritablement monstrueuses.
De plus, au niveau européen, les études montrent qu’environ 80% des produits chimiques n’ont jamais fait l’objet d’une évaluation complète de leur innocuité c’est-à-dire de leur capacité à être non toxiques pour l’environnement ou pour la santé humaine.
Timothée : Geoffrey, tu vas nous parler tout à l’heure des déchets industriels dangereux, donc on a vu quelques types de déchets dangereux. Quel est le lien entre ces déchets et la limite planétaire des nouvelles entités introduites dans la biosphère ?
Enguerran : En fait, les déchets dangereux sont constitués de nombreux produits chimiques, comme l’amiante ou le fluor, dont tu parlais tout à l’heure. On distingue généralement trois grandes catégories de déchets dangereux. La première regroupe les déchets organiques, dans lesquels on retrouve les hydrocarbures, les déchets hospitaliers, ainsi que les boues d’épuration. La deuxième catégorie correspond aux déchets minéraux solides : l’un des plus connus est évidemment l’amiante, mais on y trouve également les cendres issues des filtres d’incinérateurs. Enfin, la troisième catégorie rassemble les déchets minéraux liquides ou semi-liquides, qui sont souvent des déchets ménagers pollués par des substances dangereuses, comme des serviettes imbibées d’eau de Javel ou d’autres mélanges similaires.
En 2022, on estime qu’environ 3% des déchets produits en France étaient des déchets dangereux, ce qui représente tout de même 11 millions de tonnes. L’objectif des Heliosand est justement de réduire ces déchets dangereux et donc la pollution, cette limite planétaire désormais dépassée tout en veillant à ne pas aggraver la limite planétaire du changement climatique.
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Faciliter le passage à l’action
Timothée : C’est très intéressant. Peut-être, Geoffrey si tu pouvais nous expliquer comment vous êtes arrivés à développer cette technologie ? Ça s’est fait sur combien de temps ? Le brevet, il est sur quoi ? Et c’est quoi les freins que vous avez pu avoir ? C’est beaucoup de questions en une.
Geoffrey : Ça fait beaucoup de questions, mais je vais tâcher d’y répondre. Tout à l’heure, quand j’ai raconté la genèse du projet, ce n’était en réalité que la première étape. Nous avons continué à travailler en Europe, où il n’y a évidemment pas de désert. En revanche, nous avons été contactés par un industriel qui possédait des boues fines, une matière très poudreuse, très légère, proche du sable du désert, constituée de minéraux extrêmement fins. Ils ne savaient plus quoi en faire, et les exutoires commençaient à être saturés. Ils sont donc venus nous voir pour nous demander, «Qu’est-ce que vous êtes capables de faire avec notre matériau ? »
Nous avons récupéré cette matière, nous l’avons passée dans notre machine, et nous nous sommes rendu compte que nous obtenions un matériau utilisable dans la construction. Nous étions partis du sable et nous arrivions maintenant à valoriser ces boues. Puis, de fil en aiguille, certains industriels nous ont dit : « Nous aussi, nous avons des boues… mais elles sont polluées.» Très bien, nous les avons prises, nous les avons testées, et nous avons découvert que nous arrivions à les dépolluer. C’était une immense surprise chez Heliosand, nous étions vraiment ravis.
Alors nous nous sommes demandé, jusqu’où peut-on aller? Comme notre solution est unique au monde, c’est à nous d’explorer tout ce qu’elle peut permettre.
Et de fil en aiguille, nous avons fini par recevoir des déchets dangereux, parmi les pires que pouvait produire une industrie métallurgique. Nous avons refait les tests et nous avons été littéralement abasourdis. Nous étions les premiers surpris, cela fonctionnait encore, et cela fonctionnait très bien. À ce moment-là, on s’est dit : « Bon… OK. On peut tout faire. »

Timothée : Et justement, on prend ces bouts. Comment concrètement ça fonctionne ?
Geoffrey : Alors, on a une préparation d’abord. Donc, on a des déchets dangereux qu’on prépare avec des bouts ou des minéraux inertes.
Timothée : Vous faites une espèce de recette. C’est ça qui est breveté ?
Geoffrey : Si c’est une recette, on la garde secrète, pour le coup. Parce que c’est le plus compliqué à retrouver.
Timothée : Oui, ce n’est pas tant l’infrastructure qui est brevetée que la préparation.
Geoffrey : Alors voilà, au-delà du procédé, c’est toute l’infrastructure, la machine, le suivi solaire de haute précision. Nous sommes les seuls au monde à maîtriser ces éléments-là. Et bien sûr, il y a notre optique, qui nous permet de fabriquer des loupes solaires de 100 m², là encore, nous sommes vraiment les seuls au monde capables de le faire.
Timothée : On prend cette fameuse recette secrète, la potion magique.
Geoffrey : On a une sorte de recette, on prépare ces déchets, puis on les fait passer sur un tapis qui avance à travers notre machine. Lorsque la lumière est concentrée, elle l’est en un point fixe. C’est donc le tapis qui se déplace.
La transformation est instantanée, à partir du moment où la matière arrive au point focal l’endroit où tous les rayons convergent elle se transforme immédiatement en lave. Ce n’est que plus tard, en avançant, que la matière commence à se refroidir. On obtient ainsi une sorte de boudin de matière qui a été à la fois transformé et dépollué.
Timothée : Et c’est, pour bien comprendre du coup, ce boudin, en fonction de comment vous allez le concasser ? Ça va vous faire différents types de matériaux ?
Geoffrey : Oui, c’est la force de notre matière. Une fois qu’on l’a obtenue, on peut la concasser pour produire de gros grains, du gravier, du sable plus fin, ou même une fraction très fine, qu’on appelle la fine. Cette matière peut remplacer jusqu’à 50% du ciment dans un béton.
Un béton, pour simplifier je vais vulgariser c’est un mélange de cailloux, de gravier, de sable de différentes dimensions, et d’un liant, une sorte de colle, le ciment. Le problème, c’est que le ciment est aujourd’hui l’une des industries les plus polluantes. Trouver des substituts au ciment, ou fabriquer un béton décarboné, est donc un enjeu absolument majeur pour l’avenir.
Avec Heliosand, on résout plusieurs problèmes à la fois, le problème de la pollution, le problème de la construction, et j’aimerais aussi le souligner le problème de l’énergie.
Timothée : Oui, parce qu’on n’a pas besoin d’avoir des centrales, à charbon ou même nucléaire, pour faire fonctionner votre four.
Geoffrey : En effet, tout fonctionne à l’énergie solaire entièrement.
Timothée : Il faut quand même pas mal de soleil.
Geoffrey : Il faut du soleil suffisant environ 100 jours par an. Ça suffit pour être rentable sur l’exploitation.
Timothée : Je ne sais pas du tout la carte de l’ensoleillement en France. Moi, j’avais juste une question. Alors, il y a un truc que j’adore. Je me suis beaucoup intéressé au sujet du sable, et c’est vrai qu’il y en a partout, alors que finalement le sable qu’on utilise, ce n’est pas le sable qu’il y a dans le désert pour construire, parce qu’il est poli par le vent, donc il n’est pas propre pour être dans la construction, parce qu’on ne construit pas suffisamment solide.
Geoffrey : C’est ça, le sable du désert est vraiment beaucoup trop fin et trop lisse pour être exploitable. Aujourd’hui, concrètement, dans un béton, il faut des grains qui soient assez anguleux.
Timothée : Et ça, on ne l’a que dans l’eau ?
Geoffrey : Aujourd’hui, il est trouvé soit dans les rivières, soit dans la mer. Donc ça détruit des plages, ça détruit des rivières.
Timothée : Et la biodiversité aussi qu’il y a dans l’eau. Et vous, du coup, le sable que vous arrivez à avoir in fine après tout votre processus de vitrification solaire, c’est du sable qui a les mêmes propriétés que du sable marin.
Geoffrey : Il s’avère même que cette matière présente de meilleures propriétés. D’une part, elle n’est pas salée, contrairement au sable marin qui doit être rincé, ce qui est complexe et nécessite d’énormes quantités d’eau. Mais surtout, notre procédé produit un matériau beaucoup plus anguleux en sortie.
La matière est donc de meilleure qualité et, lorsque l’on réalise des tests en laboratoire sur des éprouvettes de béton, on obtient des performances équivalentes, voire supérieures. Sur certaines caractéristiques comme la résistance à la flexion on observe même de meilleures performances.
Timothée : D’autres questions, plutôt pour essayer de comprendre, du coup, comment cette technologie presque révolutionnaire, unique au monde, peut-être, être mieux utilisée ou en tout cas déployée massivement, dans les entreprises en France aujourd’hui. Est-ce que tu peux nous dire un peu les secteurs qui ont le plus de difficultés à gérer ce type de déchets ? Et donc, sur lequel ta solution que vous avez développée serait vraiment idéale ?
Geoffrey : Alors en fait, toute industrie génère des déchets, toutes. Et la plupart des industries ont des déchets dangereux. La solution aujourd’hui unique, c’est l’enfouissement. Ou alors, il y a certaines solutions de traitement pour certaines matières spécifiques. Mais qui sont soit très coûteuses ou soit pas encore assez développées. Et donc, nous, on apporte vraiment une alternative à l’enfouissement, concrètement. On a certains industriels qui préfèrent stocker leur matière en attendant de trouver une solution.
Timothée : Donc, il y a un gisement qui est énorme. Aujourd’hui, ça coûte combien d’enfuir des déchets et ça coûte combien de les faire fondre ?
Geoffrey : Les déchets, c’est vraiment la bourse. Il y a un marché des déchets et en fonction de l’état du déchet. Ça forme de sa dangerosité, il y a un prix. Et donc ça va aujourd’hui environ entre 200 et 1500 euros la tonne.
Timothée : Et vous, si on veut faire fondre une tonne de déchets chez vous, ça coûte combien ?
Geoffrey : Ça dépend du déchet parce qu’il y a le recettage juste avant. Mais en soi, on est toujours moins cher que l’enfouissement parce que notre énergie, elle est gratuite.
Timothée : Et donc, du coup, comment vous vous positionnez par rapport à un client ? Est-ce que ce sont les entreprises qui doivent amener leurs déchets chez vous, puisque vous êtes en train de construire une usine ? Ou bien est-ce que vous installez directement une unité chez le client ? Finalement, quelle offre proposez-vous aux entreprises ?
Geoffrey : Alors, notre business model est plutôt dual. D’une part, nous proposons la vente d’unités, ce qui concerne principalement les industriels spécialisés dans la gestion des déchets, qui ont un problème, ils doivent réduire leur enfouissement et trouver une solution de retraitement. Or, ces solutions sont souvent soit très coûteuses, soit n’existent tout simplement pas.
D’autre part, cela concerne aussi des industriels producteurs de déchets qui, jusqu’ici, avaient l’habitude de payer quelqu’un pour les enfouir. Aujourd’hui, ils recherchent des solutions alternatives, parce qu’ils souhaitent faire évoluer leurs pratiques et arrêter de polluer.
Capsule Expert #2
Timothée : Je vais donner la parole à Enguerran parce qu’entre-temps, tu as fait quelques petites recherches, justement, sur ces journées d’ensoleillement en France. Donc, où est-ce que Heliosand pourrait s’épanouir et où est-ce que, pour le moment, Heliosand ne va pas pouvoir aller trop dans quel territoire ?
Enguerran : Effectivement, j’ai fait quelques recherches sur l’année 2024, par exemple. Tout à l’heure tu parlais de Lille, Timothée, on est environ à 63 jours d’ensoleillement. Donc ça ne paraît pas suffisant. Par contre, si on regarde un peu plus dans le sud de la France, au niveau de Montpellier, on a dépassé les 100 jours. Et au niveau de Marseille, même en 2024, nous étions vers 120 jours d’ensoleillement sur l’année. Geoffrey me fait même plus.
Geoffrey : À Marseille, on est plus dans les 200-250 jours.
Timothée : Ouais, je pense qu’il faut changer de lunettes là peut-être. Peut-être du coup, Geoffrey, il y a une région, j’imagine, ou plusieurs régions, c’est en dessous de quelle ligne, où pour le moment, vous n’allez pas forcément vous concentrer ?
Geoffrey : Concrètement, c’est à partir du milieu de la France, donc toute la partie sud de la France. Aujourd’hui, notre développement va se faire aux Antilles, pour la machine pilote, avec un client qui a un vrai problème, dans le sens où les déchets dangereux générés dans les îles sont expédiés en métropole. Et ça coûte énormément cher, en plus d’être une aberration environnementale. C’est vraiment une solution pour avoir une solution locale de retraitement et d’utilisation de la matière.
Timothée : Peut-être une question pour ceux qui nous écoutent et qui se disent : « Tiens, moi je suis dans les Antilles, dans le sud de la France, j’ai un volume de déchets énorme, et ça me coûte une fortune un pognon de dingue, comme dirait notre président. » Cette personne découvre votre solution et se dit : « C’est exactement ce qu’il me faut, mais je n’ai pas un espace illimité. De combien de mètres carrés ai-je besoin pour installer votre unité ? »
Geoffrey : Oui, notre unité de dépollution occupe environ 200 m² au sol, donc il faut tout de même disposer d’un certain espace. Souvent, ce sont les gestionnaires de déchets qui possèdent ce type de terrains, et ce sont généralement eux qui seraient en mesure d’acheter une machine.
En revanche, dans un deuxième temps, nous comptons exploiter nos propres unités et disposer de notre propre site de dépollution. Ainsi, les entreprises comme celles d’Aurélie Dransart, par exemple qui n’ont pas la place pour installer une unité ou qui ont simplement l’habitude de payer pour l’enfouissement, pourront passer par Heliosand pour bénéficier directement d’un service de dépollution.

Timothée : Vous avez une idée de combien vous pourrez demain votre nouveau matériau de fusion solaire ?
Geoffrey : Oui, le prix moyen des agrégats, des matières premières, que ce soit en revêtement de route ou en matières premières, sable, gravier, on est aux alentours de 60 euros la tonne.
Timothée : Vous réduisez les coûts de gestion pour vos clients et, en plus, vous créez une nouvelle source de revenus grâce à un matériau qui peut être réutilisé dans l’industrie, notamment dans le bâtiment. Exactement.
On va refaire un petit plongeon du côté du soleil, parce que le soleil ne sert pas uniquement à alimenter des loupes pour faire fondre les déchets. Il existe d’autres innovations qui utilisent l’énergie solaire pour produire de l’électricité. Et tu voulais, Enguerran, nous montrer qu’aujourd’hui, le solaire sert à bien plus qu’alimenter des panneaux photovoltaïques.
Enguerran : Exactement. On en parle souvent ici, les entreprises doivent décarboner l’ensemble de leurs procédés, et pas seulement leur électricité. Et là, le solaire offre des applications que peu de gens imaginent.
Par exemple, qui aurait cru qu’on pouvait produire de l’air chaud industriel 24 h/24 grâce au soleil ? Imaginons que, pendant la journée, des miroirs concentrent la lumière solaire sur un échangeur, qui chauffe l’air à environ 250 °C. Cet air chaud peut ensuite être stocké, soit dans des cuves isolées, soit dans des lits de pierres spécialement conçus pour retenir la chaleur.
Résultat : on peut restituer cette chaleur la nuit ou quand il n’y a pas de soleil. On obtient ainsi une source d’air chaud industriel continue, modulable, idéale pour le séchage, le préchauffage ou encore certains procédés de l’agroalimentaire.
Timothée : Donc là, la chaleur, c’est clairement un sujet fascinant et parfaitement adapté au solaire. Je pense que je devrais te passer la parole, parce que je crois que vous utilisez aussi la loupe solaire pas forcément pour produire de la chaleur.
Geoffrey : Un sujet comme celui-ci, avec justement un client partenaire qui a besoin de chaleur décarbonée pour réaliser du séchage, montre bien que notre concentrateur solaire est tout à fait opérationnel pour cet usage. Ce qui change, c’est simplement ce qui se passe au niveau de la concentration des rayons.
D’une part, pour la dépollution, on transforme la matière : on monte à plus de 2000 °C, on la fait fondre, puis on la refroidit pour qu’elle devienne de la roche.
Et dans l’application séchage, on utilise un échangeur thermique, comme l’expliquait Enguerran, afin d’obtenir de l’air chaud.
Enguerran : Et peut-être que tu voulais aussi nous parler d’une autre utilisation du soleil, toujours liée à la chaleur. Qui aurait cru qu’on puisse chauffer une ville entière au Danemark grâce au soleil ?
Grâce à un système hybride combinant des miroirs paraboliques, qui concentrent une nouvelle fois les rayons du soleil, et un procédé de cogénération à base de biomasse, une ville du nord du Danemark parvient à chauffer ses habitations.
D’abord, les miroirs chauffent un fluide à plus de 330°C, puis cette chaleur peut être injectée dans le réseau de chauffageur bain, tout en permettant, en parallèle, de générer de l’électricité.
Résultat : près de 85% du chauffage de la ville est assuré grâce à l’énergie solaire, dans un pays qui n’est pourtant pas le plus ensoleillé du monde. C’est un modèle extrêmement puissant et en plus reproductible dans des zones industrielles, des parcs d’activité ou des communes rurales en France.
On s’engage !
Timothée : Ce sont des modèles d’inspiration ? Ou ça vous a inspiré aussi à imaginer votre produit ?
Geoffrey : Ils ont émergé un peu en même temps que nous dans leur innovation. Ils font vraiment de la chaleur urbaine. Donc eux, ils ont des réseaux de chaleur en général. On en a un peu moins en France. C’est moins développé. Mais c’est vrai que les pays scandinaves fonctionnent pas mal là-dessus. C’est vraiment une belle innovation.
Timothée : C’est quoi les projets futurs ?
Geoffrey : Ah ben, nos projets consistent concrètement à développer notre procédé à l’échelle industrielle. La technologie est validée, le procédé également. Nous sommes donc réellement prêts à passer à cette nouvelle étape.
Nous allons entrer dans la phase industrielle avec un premier client, et nous souhaitons élargir notre cercle de partenaires pour, dans un second temps, pouvoir fabriquer nos propres unités et les exploiter nous-mêmes.
Timothée : Parce qu’aujourd’hui, vous êtes à quel stade ?
Geoffrey : On est au stade pré-industriel. On est vraiment au passage à l’échelle industrielle. Donc, on est en train de faire une levée de fonds actuellement pour justement pouvoir financer ce qu’on appelle un pilote industriel. C’est une première unité qui est de grande dimension, exprès, selon les besoins des industries.
Timothée : Quel conseil tu donnerais à une entreprise qui est encore hésitante pour faire appel à ta solution ou justement accélérer son déploiement industriel ? Qu’est-ce qui leur fait peur et comment tu pourrais les rassurer ?
Geoffrey : Tout simplement, aujourd’hui, c’est vraiment une solution opérationnelle. Quand on parle de passer à l’échelle industrielle, on imagine souvent des procédés compliqués développés en laboratoire, qui fonctionnent très bien à petite échelle, mais qui perdent en efficacité lorsqu’on les industrialise. Mais chez nous, ce n’est pas du tout le cas.
Notre technologie fonctionne déjà très bien, et l’avantage, c’est que pour notre optique, plus on passe à grande échelle, plus c’est simple. Nous ne sommes pas en train de fabriquer des images : notre optique, notre loupe solaire, est conçue pour concentrer la lumière et la chaleur.
Ainsi, les incertitudes liées à l’usinage ou à la fabrication de l’optique sont même réduites lorsqu’on augmente la taille. En réalité, il est plus compliqué de faire petit que de faire grand.
Timothée : Donc, ce qu’il vous fait, c’est des entreprises qui vous contactent sur le site internet. C’est quoi l’adresse ?
Geoffrey : Directement sur notre site internet ou sur nos réseaux sociaux. Donc soit heliosand.com, soit directement sur notre page Instagram, heliosand_official ou LinkedIn directement.
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Capsule Expert #3
Timothée : On va faire un petit pas de côté, parce qu’on a quand même beaucoup parlé de la manière dont, dans le milieu professionnel, on peut réussir à faire fondre des déchets dangereux pour en faire des matériaux totalement inoffensifs, inertes, et réintégrables dans différents canaux de production.
Et toi, Enguerran, tu voulais nous donner quelques conseils pour les bricoleuses et bricoleurs du dimanche, afin d’éviter les pollutions liées à nos produits du quotidien.

Enguerran : Eh oui Timothée, parce que les déchets dangereux, ça ne concerne pas seulement les industriels, mais aussi chacun d’entre nous. Nous avons tous, dans nos foyers, des déchets dangereux : des médicaments périmés, des produits ménagers, des produits électroniques, et en particulier tout ce qui touche aux produits d’entretien et de bricolage.
Par exemple, un vieux pot de peinture qui traîne dans un placard ou au fond de la cave. Toutes ces substances, si on les jette dans le tout-venant, représentent des risques et des impacts pour la faune, la flore et la qualité des eaux.
Aujourd’hui, je voulais vous parler d’EcoDDS. C’est un éco-organisme agréé, spécialisé dans les déchets diffus spécifiques. L’objectif d’EcoDDS est de prendre en charge la collecte, le regroupement, le tri et le traitement de ces déchets.
C’est un éco-organisme qui permet de valoriser les déchets dangereux que nous avons toutes et tous chez nous.
Timothée : Oui, parce que là, tu m’as parlé de peinture. Alors moi, j’ai des pots de peinture qui sont dans un placard depuis cinq ans. Mais je fais quoi du coup ? Ils viennent chez moi, je veux les rapporter quelque part.
Enguerran : Si je reprends l’exemple, EcoDDS organise par exemple des journées déchetterie pour inciter chacun et chacune d’entre nous à ramener nos produits chimiques usagés. EcoDDS, c’est aussi une présence d’environ 1 500 points de récupération chez des distributeurs professionnels, et presque 700 grandes surfaces de bricolage comme Leroy Merlin ou Castorama.
Mais on peut aller un peu plus loin : une petite entreprise, une PME, peut choisir de mettre à disposition un collecteur afin de remettre ensuite les déchets à EcoDDS, créant ainsi une forme de partenariat.
Au fond, l’objectif, c’est que ces vieux déchets ne traînent plus dans nos placards, mais qu’ils puissent être regroupés, traités et dépollués.
Timothée : Ou bientôt les envoyer à Heliosand. Je ne sais pas si la peinture, c’est considéré comme un déchet dangereux ?
Geoffrey : Énormément de substances. Souvent, pour faire des colorants, il y a beaucoup de métaux lourds cachés à l’intérieur. Donc oui, vraiment la bonne pratique, quand on a un particulier, c’est déjà d’être inscrit à la déchetterie municipale, à la déchetterie locale, et les ramener là-bas. Ensuite, eux gèrent, voient avec les éco-organismes ou les entreprises spécialisées pour essayer de faire dure traitement. Et si vraiment il n’y a aucun exutoire, s’il n’y a aucune solution, Heliosand, on est là.
On s’inspire et on partage
Timothée : C’est le moment de terminer ce podcast. Si tu avais juste un dernier mot que tu voulais adresser aux auditeurs.
Geoffrey : J’aimerais préciser quelque chose, tout à l’heure, j’ai mentionné que nous sommes en train de développer la machine à l’échelle industrielle. Et pour cela, nous réalisons actuellement une levée de fonds. Avec toute l’équipe d’Heliosand, nous avons décidé d’ouvrir le capital au public.
Aujourd’hui, tout le monde peut participer et devenir actionnaire d’Heliosand, à partir de 100 euros. Cela se passe sur WiSeed, et vous trouverez également toutes les informations nécessaires sur notre site internet.
Timothée : Franchement, je vais contribuer à votre réussite parce que je trouve le projet hyper intéressant. Je ne comprends même pas pourquoi on ne l’a pas développé plus tôt. Parce que vous étiez trop occupé à faire autre chose. Pourquoi on ne l’a pas développé plus tôt d’ailleurs ?
Geoffrey : Les solutions dans le solaire ont souvent été développées par des indépendants, des gens créatifs. Rafik, mon associé, et moi-même, nous sommes des créatifs. On a créé la startup dans un garage. Sauf que, bien souvent, ces idées ne vont pas plus loin que cette étape.
« Nous, on s’est dit : on va en faire un business, on va en faire une version industrielle. Et on y est parvenus. »
Le podcast est accessible sur les plateformes suivantes : Spotify, Apple Podcast, Deezer, Amazon Music...
Installez-vous, on vous emmène dans les coulisses d’une révolution plastique !


























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