Écoconception : des emballages biodégradables à base de lait

Podcast
Publié le
December 2, 2025
Lactips, une entreprise française qui a mis au point un polymère naturel… fabriqué à partir de caséine de lait. Une alternative hydrosoluble, biodégradable et sans microplastiques, pensée pour remplacer certains emballages plastiques.
Edito et présentation des invités

Timothée : Aujourd’hui, dans Qui l’eût cru, on va parler plastique. Oui, ce matériau qui emballe tout, nos courses, nos vêtements, nos vies… et qui finit partout, jusque dans nos cerveaux. Charmant, non ?

Et si je vous disais qu’à Saint-Étienne, une équipe de chercheurs a trouvé le moyen de fabriquer, une sorte de plastique à partir de lait ? Oui, oui, du lait. Ils ont réussi à transformer la caséine, une protéine lactée, en un polymère naturel, hydrosoluble, biodégradable et surtout sans microplastiques. Un plastique… sans plastique. Et ça, qui l’eût cru ?

Pour en parler, nous recevons aujourd’hui Pauline Defay, responsable QSE-RSE chez Lactips, l’entreprise à l’origine de cette technologie.

Et pour l’accompagner côté expertise, et pour la toute première fois dans Qui l’eût cru, j’ai le plaisir d’accueillir celle qui a deux passions, le cyclisme et les vaches laitières. Notre agronome en chef, Marie Gougeon.

Installez-vous confortablement pour ce nouvel épisode de Qui l’eût cru, on part explorer comment une simple protéine de lait pourrait bien tourner la page de l’ère du plastique. Bonne écoute !

Parcours et fonctionnement de la solution

Timothée : Bienvenue Pauline, rebonjour. Pour commencer, la question classique, comment en êtes-vous arrivés à développer une sorte de plastique, on y reviendra et sur quel constat de départ repose cette innovation ?

Pauline : Bonjour Timothée. Lactips est finalement né de l’idée d’un enseignant-chercheur de l’université de Saint-Étienne qui souhaitait apporter un peu de renouveau dans le monde des polymères. L’objectif était de créer de l’innovation dans un secteur où les plastiques traditionnels existent depuis des décennies sans réelle remise en question.

En parallèle, plusieurs constats industriels se sont imposés, des enjeux sanitaires, écologiques et réglementaires de plus en plus pressants, et la nécessité pour les entreprises d’intégrer davantage d’économie circulaire dans leurs process. Le besoin de remplacer les plastiques conventionnels devenait évident.

C’est la combinaison de ces défis qui a conduit à l’émergence de notre innovation, un “plastique sans plastique” fabriqué à partir de caséine, offrant les avantages d’un polymère mais sans les inconvénients. Il est 100% biosourcé, biodégradable dans tous les environnements, hydrosoluble et surtout sans génération de microplastiques.

Timothée : Alors, quand on dit « un plastique sans plastique », ce n’est pas tout à fait exact, d’après ce que j’ai compris lors de notre premier échange. En gros, vous partez d’une protéine, en l’occurrence une protéine de lait même si demain on peut imaginer utiliser une protéine végétale et vous en faites un polymère.

Déjà, est-ce que tu peux expliquer simplement la différence entre une protéine et un polymère ? Et pourquoi, au final, on parle de “plastique” ? Est-ce que ce n’est pas plutôt l’usage ou l’aspect final du matériau qui fait qu’on le qualifie de plastique, même si ce n’en est pas vraiment un ? Est-ce que tu peux nous expliquer un peu ce lien ?

Pauline : Tout à fait. Quand on parle de “plastique sans plastique”, ce n’est pas tout à fait vrai, parce que notre matériau n’est pas un plastique au sens réglementaire du terme. En réalité, nous produisons un polymère naturel.

La caséine, qui est notre ingrédient principal, est déjà un polymère naturel. Et la transformation que nous opérons pour créer notre matériau le Caretips n’implique aucune modification chimique de cette caséine. Résultat, le matériau final est lui aussi classé polymère naturel, et non plastique.

En revanche, c’est aussi un peu vrai, car ce matériau peut remplir les mêmes fonctions qu’un plastique classique. Mais réglementairement, ce n’en est pas un. Par exemple, il n’entre pas dans le champ de la directive européenne SUPD (Single Use Plastic Directive),puisque, précisément, il n’est pas considéré comme un plastique.

Capsule Expert #1

Timothée : Donc c’est un polymère dont les propriétés plastifiantes ont des usages hyper intéressants, notamment dans le monde agroalimentaire, et on en parler ajuste après. Je crois que tu avais une question, Marie, sur les approvisionnements, parce que du coup, on parle de protéines de lait. Je crois que tu avais une question en tant qu’adoration des vaches laitières. Je crois que tu voulais nous questionner sur l’approvisionnement.

Marie : Oui, tout à fait. Ma question est assez simple : fabriquer un “plastique” à base de lait apporte clairement des bénéfices hydrosolubilité, biodégradabilité, absence de microplastiques. Mais concrètement, comment se passe l’approvisionnement ?

Est-ce que vous avez une vraie traçabilité sur cette protéine de lait ? Comment est-elle sourcée ?
Et surtout, est-ce que cela ne risque pas d’entrer en compétition avec l’usage alimentaire du lait ? Autrement dit, est-ce que ce type d’innovation pourrait, à terme, détourner une ressource alimentaire important eau profit d’un usage industriel ?

Marie : Oui, tout à fait. Ma question, c’est que fabriquer un plastique à base de lait, c’est intéressant au regard de toutes les propriétés dont on a parlé hydrosolubilité, biodégradabilité, absence de microplastiques, etc. Mais concrètement, comment ça se passe au niveau de l’approvisionnement ?

Est-ce que vous avez une vraie traçabilité ?Comment est-ce que vous sourcez cette protéine de lait ?
Et puis, est-ce que cela ne risque pas d’entrer en concurrence avec l’usage alimentaire du lait ? Est-ce qu’il n’y a pas, quelque part, un risque de compétition entre un usage industriel et l’enjeu de nourrir la population ?

Pauline : Comme tu l’as souligné, notre ingrédient principal est la protéine de lait, mais nous ne partons pas directement du lait. Celui-ci est collecté puis envoyé dans des caséineries, c’est-à-dire des usines qui le transforment en différents composants selon les besoins. On parle souvent de « cracking du lait »  d’un côté, on récupère la matière grasse, qui sert notamment à produire du beurre, et de l’autre, les protéines, dont la caséine. Aujourd’hui, ce processus est principalement tiré par la demande en beurre.

Nous, nous utilisons simplement l’un des coproduits de cette transformation, la protéine. Elle est déjà largement employée dans d’autres secteurs, aussi bien dans l’agroalimentaire, par exemple comme texturant dans certains plats préparés, que dans des applications techniques comme la fabrication de colles, de peintures ou d’autres matériaux. Notre usage s’inscrit donc dans cette logique et ne vient pas concurrencer l’usage alimentaire du lait.

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Faciliter le passage à l’action

Timothée : Question un peu technique sans rentrer trop dans le détail mais pour celles et ceux qui s’intéressent vraiment à l’aspect recherche : concrètement, quel est le procédé qui permet de transformer une protéine comme la caséine en un polymère aux propriétés “plastifiantes” ?

Pauline : Le procédé s’appelle l’extrusion bivis. Pour le rendre plus compréhensible, on peut dire que c’est un peu l’équivalent d’un Thermomix industriel, l’appareil mélange les matières, les chauffe et les travaille mécaniquement. À partir de la protéine et des autres ingrédients de notre formule, on obtient ainsi un polymère doté de propriétés thermoplastiques.

Timothée : Il faut chauffer, il faut beaucoup d’énergie, il faut beaucoup d’eau ?

Pauline : Il faut de l’énergie, il faut de l’eau également, mais il faut savoir que notre matériau est obtenu et transformé par la suite avec des températures qui sont bien moindres par rapport aux autres plastiques, qu’aux plastiques conventionnels. Ce qui fait qu’on est aussi d’un point de vue impact environnemental sur un impact moindre par rapport à des transformations qui donnent naissance au plastique conventionnel.

Timothée : Vous savez le mesurer aujourd’hui ? Si on devait retenir un chiffre, sans rentrer à la virgule près, mais on est sur quel ordre de grandeur ?

Pauline : Aujourd’hui, on peut par exemple s’appuyer sur notre analyse de cycle de vie, qui mesure l’impact global de notre produit, depuis la production jusqu’aux matières premières qui le composent. Cette ACV permet d’obtenir un score PEF (Product Environmental Footprint).

"Pour notre matériau, ce score est plus de 60% meilleur que celui de n’importe quel plastique actuellement sur le marché."
Capsule Expert #2

Timothée : Justement, Marie, tu voulais nous faire une première intervention pour dresser un état des lieux, la place qu’occupe aujourd’hui le plastique sur la planète, et ce à quoi on peut s’attendre demain. J’espère que les nouvelles sont bonnes. Même si j’ai un doute.

Marie : Malheureusement, pas tant. Je voulais revenir sur une étude de l’OCDE qui projette l’usage du plastique à l’horizon 2060, et les chiffres ne sont pas très rassurants.

On en parlait déjà dans le premier épisode avec Nicolas, le plastique a un impact massif en termes d’émissions, et comme tu l’as dit en introduction, Timothée, il est littéralement partout. Et ce phénomène ne va faire que s’amplifier.
Selon l’OCDE, la consommation mondiale de plastique devrait atteindre 1 230 millions de tonnes en 2060, tous plastiques confondus. C’est un chiffre abstrait, mais ce qu’il faut retenir, c’est que cela représente trois fois plus qu’en 2019. C’est colossal.

Dans les pays occidentaux, l’usage global devrait rester relativement stable, mais dans les pays émergents, où la croissance économique est forte, la consommation de plastique va exploser particulièrement pour les emballages.
Par exemple, en Afrique du Sud, l’usage pourrait être multiplié par 3,et en Asie, la hausse serait également considérable.

Le matériau qui devrait connaître la plus forte croissance, c’est le PET (polyéthylène téréphtalate), aujourd’hui omniprésent dans les emballages.

Concernant le recyclage, là aussi les perspectives sont limitées. On ne pourra compter que sur 12% de plastique recyclé en 2060,soit environ 150 millions de tonnes seulement. Autrement dit, une part minime par rapport à l’explosion attendue de la production.

En résumé, les usages augmentent, les volumes explosent, et le recyclage ne suit pas : les nouvelles ne sont malheureusement pas très bonnes.

Timothée : Et justement, où finit tout ce plastique du coup ? Parce que moi, ça m’a surpris à 12%, c’est quand même très faible.

Marie : Bah oui, c’est assez faible et malheureusement, 17% de ces déchets seront recyclés, à peu près 18% incinérés, 50% enfouis, donc en termes de pollution des sols et des eaux, c’est assez désastreux. Et 15% seront dits mal gérés, notamment du fait des infrastructures aujourd’hui incapables de gérer des quantités de plastique aussi importantes.

Globalement, les déchets plastiques vont tripler, passant de 353 millions de tonnes en 2019 à 1 014 millions en2060. C’est énorme. Vous avez sûrement déjà entendu parler du fameux continent de plastique dans les océans. Il mesurait en 2022 trois fois la taille de la France et il ne va cesser d’augmenter puisqu’il va y avoir de plus en plus de fuites et surtout de plastique finissant dans l’environnement, que ce soit dans l’environnement terrestre ou maritime.

Ces fuites devraient doubler pour atteindre à peu près 44 millions de tonnes en 2060. Ça va doubler à l’échelle de tout l’environnement, mais le stock dans les rivières et les océans va sûrement tripler. L’enjeu est aussi au niveau des microplastiques, ces particules qui ne dépassent pas 5 millimètres.

Et il y a quelque chose sur lequel Lactips intervient grandement, ce procédé qu’on appelle la papérisation des emballages, c’est-à-dire passer d’un emballage tout plastique à un emballage papier. Cela a de vraies vertus, notamment parce que ça permet de réduire la dépendance au pétrole. Mais bien souvent, sur ces emballages papier, il faut rajouter une fine couche de plastique pour des raisons sanitaires ou de résistance, et cette couche rend le recyclage beaucoup plus difficile.

En revanche, comme la caséine est hydrosoluble et donc comme la technologie développée par Lactips l’est aussi cela rend le recyclage de ces emballages beaucoup plus facile.

Timothée : Donc toi, tu valides sans procéder, à développer ta voisine.

Marie : En tout cas, en termes de recyclage du plastique, c’est sûr que c’est une avancée vraiment majeure pour pouvoir s’en passer du plastique.

On s’engage !

Timothée : Justement, parce que clairement, vous n’êtes pas du plastique. Et même si le plastique peut avoir certaines vertus notamment dans le domaine médical on ne va pas non plus tout remettre en cause. Il y a des usages où il restera pertinent. Mais il y en a d’autres, en effet, où l’on pourrait trouver des alternatives comme la vôtre, et les déployer.

Entrons maintenant dans la partie plus opérationnelle. On a mieux compris ce que vous proposez, mais concrètement, est-ce que tu peux nous expliquer comment on peut utiliser votre technologie ? Sur quels types de produits et quels procédés, aujourd’hui ?

Pauline : Alors, on a différentes possibilités. Notre matériau est vendu sous forme de granulés, c’est-à-dire au format standard utilisé dans l’industrie plastique. Ces granulés peuvent être transformés en films, injectés pour fabriquer des pièces dures, ou encore appliqués par procédé d’enduction, ce qui nous permet de répondre à différents besoins industriels et à une grande variété d’applications.

Dans le domaine de l’emballage, par exemple, notre granulé peut être déposé en fine couche sur du papier grâce à l’enduction. Cette couche apporte des propriétés fonctionnelles essentielles pour qu’un simple papier devienne un véritable emballage, la scellabilité (un papier seul ne peut pas être fermé), un rôle barrière contre les graisses et les huiles pour éviter que le contenu ne traverse le matériau, et une meilleure conservation du produit. Tout cela avec, derrière, un avantage décisif sur le recyclage, notre matériau étant hydrosoluble puis biodégradable, il permet de récupérer 100% de la fibre papier, facilitant ainsi un recyclage optimal sans microplastiques ni résidus.

Dans la stratégie de réduction du plastique, on parle des trois axes, recyclage, réemploi et réduction. Sur la partie réemploi, nous fabriquons aussi des films hydrosolubles qui servent notamment aux étiquettes de bouteilles en verre. Grâce à leur hydrosolubilité, ces étiquettes se décollent très facilement lors du lavage, ce qui améliore le rendement des centres de lavage, permet de remettre plus rapidement les bouteilles en circulation, et n’engendre aucun déchet toxique, puisque l’eau de lavage peut être retraitée normalement.

C’est donc une solution clé pour développer la filière du réemploi, un axe majeur dans la lutte contre le plastique.

Timothée : D’ailleurs, petit point d’éclairage, certains auditeurs se disent peut-être « OK, super, ça se dissout dans l’eau. Mais du coup, qu’est-ce qui se retrouve dans l’eau quand ça se dissout ? »

Pauline : Alors en fait, c’est une propriété intrinsèque à la caséine donc à la protéine de se dissoudre dans l’eau. Il faut bien distinguer le fait qu’un matériau se dissolve, c’est-à-dire qu’il se disperse, et la question de la toxicité de ce qui reste dans l’eau. Dans notre cas, le matériau est à la fois hydrosoluble et biodégradable dans l’eau. Cela signifie que, dans une eau de rivière par exemple, les micro-organismes vont consommer les résidus de protéines et les transformer en biomasse, autrement dit en matière naturelle, sans impact sur l’environnement et sans impact les écosystèmes.

Timothée : Question aujourd’hui, c’est dur de convaincre les industriels de passer d’une technique éprouvée depuis 40 ans, pas chère, de plasturgie pétrochimique à votre solution. Quand on est industriel, on n’aime pas trop le changement quand même, surtout quand ça fonctionne.

Pauline : Je pense que la réponse est déjà dans la question. Oui, c’est un vrai défi. Pour Lactips, il a d’abord fallu convaincre les industriels de la performance de notre produit. Nous avons dû démontrer que notre matériau, même s’il est nouveau, offre les mêmes propriétés indispensables que les plastiques traditionnels. Il a ensuite fallu prouver que Lactpis n’est plus seulement une startup innovante, mais bien une PME industrielle capable de répondre à des exigences fortes en matière de qualité, d’excellence opérationnelle et de volumes de production. L’objectif était de rassurer des industriels habitués depuis 40 ans à des matériaux plastiques qu’ils maîtrisent et auxquels ils sont très attachés.

Timothée : Combien de temps à peu près pour switcher ?

Pauline : Alors Lactips existe depuis 10 ans et ça s’est fait de manière. Progressive finalement, dépôt du brevet en 2014, Lactips a eu sa première ligne pilote en 2018 avec les premiers clients qui ont commencé à tester la solution. Et aujourd’hui et depuis 2022, on a une ligne industrielle et une usine qui nous permet de répondre de manière industrielle aux besoins des clients.

Timothée : Je voulais dire, pour un industriel qui utilise aujourd’hui, je ne sais pas, des étiquettes classiques avec vos étiquettes à base de caséine, est-ce que ça demande de changer des lignes de production ou c’est assez rapide ?

Pauline : Alors, notre granulé va être mis en œuvre sur les mêmes lignes que le plastique conventionnel. La seule chose qu’il y a à faire, c’est adapter les paramètres. Je l’ai dit précédemment, le granulé va se transformer à des températures moindres par rapport au plastique conventionnel. Donc, il faut tout simplement apprendre à extruder ce granulé-là, notamment en diminuant les températures, mais toujours sur les lignes qui existent déjà, avec les procédés qui existent déjà.

Timothée : Donc, pas d’investissement pour pouvoir utiliser vos granulés dans des produits. Tu dois retenir quelque chose.

Pauline : C’est ça.

Timothée : Donc, facile normalement à convaincre pour ceux qui ont envie de s’engager.

Pauline : C’est ça, pour ceux qui veulent vraiment aller vers une transition.

Capsule Expert #3

Timothée : D’ailleurs, Marie, tu as des clients en tête que tu pourrais faire changer de mentalité ?

Marie : Là, en tête, j’avais au moins une entreprise qui faisait de l’extrusion de plastique. Donc forcément, ça va les intéresser, je pense, parce que sur les lignes de production, c’est exactement la même chose. Et vous avez également parlé des petits granulés. Moi, j’avais un client qui était vigneron, et les petits clips qu’on peut mettre sur les vignes puisqu’ils tombent au sol lors de la récolte ou pendant les travaux de la vigne s’ils sont hydrosolubles dans l’environnement, c’est quand même bien mieux. Au moins, s’ils restent au sol, ils ne sont pas toxiques pour l’environnement.

Timothée : Question qu’on n’a pas trop abordée, question de prix.

Pauline : Aujourd’hui, concernant le prix, il faut comprendre que nos solutions ne se résument pas uniquement au coût du matériau. Je m’explique dans le cas d’un emballage, un client qui souhaite remplacer un emballage plastique par un emballage papier avec Caretips le nom de notre matériau devra additionner le coût du papier et celui de Caretips pour obtenir le coût total de sa transition.

Mais il faut aussi prendre en compte le gain généré en fin de vie de l’emballage. Grâce à Caretips, le papier sera mieux recyclé, avec un taux de récupération plus élevé. Le client pourra donc, demain, utiliser du papier recyclé qu’il aura lui-même contribué à produire, ce qui réduit son coût global sur le long terme.

Timothée : Et certainement aussi une taxe sur les éco-contributions qui est moins élevée en passant par vous, puisque ça ne perturbe pas le tri. On sait que les taxes peuvent être liées notamment au fait que ce soit un perturbateur de tri, donc peut-être qu’au final…

Pauline : Effectivement, il y a des données toutes fraîches concernant les taxes à venir, notamment en 2026, sur l’utilisation d’emballages dans le milieu industriel, dans le cadre de la responsabilité élargie du producteur. Dans ce contexte, l’utilisation de nos produits présente un avantage indéniable, puisqu’ils permettent d’être écarté de ces taxes-là.

Timothée : Peut-être Marie, tu voulais faire un point peut être réglementation, mais peut-être pas forcément la loi AGEC parce qu’on en a déjà quand même pas mal parlé, mais sur sa petite cousine européenne. Aujourd’hui, c’est certainement toi Pauline, une des forces de développement de la réglementation. En quoi ça va changer la donne au niveau européen ?

Marie : Notamment la réduction des emballages via l’éco-conception : on en a un peu parlé, mais l’idée est de diminuer la quantité d’emballages et de supprimer ceux qui sont inutiles, comme certains emballages pour les fruits et légumes. On le voit déjà progressivement en GMS.

Il y a aussi l’intégration obligatoire de matériaux recyclés, avec des taux qui varient selon les plastiques, généralement entre 25% et 65%. Pauline évoquait tout à l’heure le réemploi, les objectifs sont ambitieux, autour de 40% en 2040 pour les emballages de boissons, afin de relancer la consigne et les usages réutilisables.

"Et le changement le plus structurant mais aussi le plus difficile est l’obligation de recyclabilité pour tous les emballages d’ici 2030, un cadre dans lequel Lactips s’inscrit pleinement."

Timothée : Aujourd’hui, Pauline, on est en retard sur l’adoption de ces réglementations. Comment toi, qui essayes justement de pousser une solution qui répond pile poil à l’intégralité de la réglementation européenne, Comment tu sens le marché aujourd’hui ?

Pauline : Aujourd’hui, il y a un décalage entre les obligations liées à ces réglementations et la réalité du terrain. Elles sont plutôt restrictives, ces obligations, et on sait qu’elles engagent des filières entières pour augmenter le taux de recyclage, le taux de collecte et de tri, et faire en sorte que ces matériaux recyclés aient aussi l’aptitude, c’est-à-dire d’un point de vue sanitaire, les qualités nécessaires pour pouvoir être réintroduits dans des emballages qui, demain, serviront pour de l’alimentaire. Donc, je pense qu’il y a un véritable enjeu à faire en sorte que les matériaux dont la toxicité est moindre soient mis en avant dans ce cadre-là, parce que ça facilitera justement l’atteinte de ces objectifs qui sont très challengeants.

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On s’inspire et on partage

Timothée : Aujourd’hui, quels sont les projets en cours, en recherche, en développement, en nouveaux produits ? Qu’est ce que vous pouvez nous dire sur la suite ?

Pauline : Alors, il y en a beaucoup. C’est vraiment dans l’ADN de Lactips de faire de l’innovation. Aujourd’hui, Lactips possède 7 brevets internationaux et poursuit sa recherche pour produire un matériau toujours adapté aux besoins. On l’a vu, selon les applications, les besoins ne sont pas les mêmes.
Dans les idées à venir, Lactips souhaiterait s’ouvrir à de nouveaux marchés en adaptant les performances de son matériau. On l’a vu, l’hydrosolubilité peut être un frein pour certaines applications. Travailler avec d’autres protéines, par exemple des protéines végétales, et aller vers des solutions non hydrosolubles est une piste de travail actuelle afin d’élargir le panel de solutions proposé aux industriels.

On souhaiterait aussi aller vers d’autres marchés. Les marchés européens ont reconnu Lactips et son matériau grâce aux réglementations favorables, mais on sait que dans d’autres pays, le recyclage ou la collecte ne sont pas optimisés. Par exemple, on souhaiterait aller vers les marchés américains, où l’argument clé est le “plastic free”.

Et puis, dernier point mon favori travailler sur des laits impropres à la consommation. Aujourd’hui, l’élevage laitier subit des pertes liées à certaines phases de la vie des vaches, maladies, mise basse. Celait ne peut pas entrer dans la filière classique de transformation en caséine, comme expliqué précédemment. Ce sont des pertes sèches pour les éleveurs, et nous souhaiterions intégrer ces volumes dans nos matières premières.
Cela implique la construction d’une nouvelle filière, sur laquelle nous sommes actifs et que nous poussons pour qu’elle puisse voir le jour.

Timothée : J’ai l’impression que vous n’allez pas vous ennuyer dans les prochaines semaines, les prochains mois. En tout cas, c’est quand même beaucoup de chance de travailler sur ces problématiques-là au quotidien. Et d’ailleurs, Marie, c’était le moment de nous prendre un petit peu de bol d’inspiration et d’essayer de voir à notre échelle de citoyens quels étaient les meilleurs réflexes que l’on pourrait peut-être adopter pour consommer mieux et surtout limiter notre consommation de plastique au quotidien. Tu voulais nous donner quelques tips ?

Marie : Là, c’est à nouveau des tips assez basiques finalement. Mais globalement, le premier, ça peut être tout simplement on ne s’en rend peut-être pas compte de dire non aux plastiques inutiles. C’est-à-dire, quand on va chercher un plat le midi ou même un café, essayer d’arriver avec son propre contenant. Parce que même les plastiques parfois dit biodégradables ne le sont pas forcément en totalité. Donc au moins, essayer de dire non à ces plastiques-là.

Ensuite, toujours dans l’idée de dire non à ces plastiques, acheter en vrac ou à la coupe, stocker dans des bocaux. Ça se fait de plus en plus, et ça va se faire également en grande surface, le vrac arrive énormément. Donc au moins essayer d’aller vers ces achats-là.

Également, ça peut être une idée de tester les produits hydrosolubles. Ça existe pour la lessive, les pastilles de lave-vaisselle, etc. Mais petite attention sur cette solution : vraiment essayer de bien tracer, parce que le polymère doit vraiment être naturel. Le plastique doit être réellement hydrosoluble et naturel, avec les mêmes propriétés dont Pauline a parlé, pour que le matériau se dégrade correctement et ne soit pas toxique.

Timothée : Et ça, comment on peut ?

Marie : Dans ce cas-là, le plus simple, je pense, c’est vraiment d’aller vérifier au niveau de la marque et au niveau de la composition, globalement sur le produit, où l’on doit pouvoir voir s’il y a un polymère plastique, etc. Par exemple, s’il est indiqué PET, etc. Dans la composition, on peut déjà se dire que, finalement, ça va juste se transformer en microplastiques et pas vraiment être hydrosoluble.

Timothée : Faire comprendre aux auditeurs, c’est important hydrosoluble, pour certains types de plastiques, ça veut dire qu’en fait, le plastique ne se voit plus… mais il est toujours là, sous forme de nanoparticules ou de microparticules qui, au final, se retrouvent quand même dans nos cerveaux.

Marie : Dans nos cerveaux, dans le continent de plastique, vraiment. Donc ce n’est pas tant hydrosoluble. En fait, il se dégrade en tout petits morceaux, il devient invisible à l’œil nu.
Entre-temps, on peut favoriser la consigne de réemploi, puisque l’objectif de réemploi est très important. Soutenir des marques engagées, celles qui affichent clairement des emballages compostables, biosourcés, 100% recyclables, etc.

Globalement, toutes ces solutions nécessitent quand même un peu d’étude à chaque fois des marques, des emballages, etc. Donc il faut vraiment essayer de s’y pencher pour comprendre les réelles intentions derrière les produits.

Après, il y a aussi l’idée de réutiliser vos sacs plastiques. Par exemple, tout ce qui est sacs de congélation qu’on utilise en randonnée peut être réutilisé énormément de fois. Avant, on les jetait dès la première utilisation, maintenant, on peut les utiliser 10 ou 15 fois. Avec un petit coup d’éponge, et ça repart.

Timothée : D’ailleurs, moi, sur ça, concernant ces films, je vous conseille les films en cire d’abeille. J’ai même offert ça à ma grand-mère, qui est ravie. Et peut-être pour compléter encore, il y a un truc qui fonctionne très bien, essayer le défi un mois sans plastique jetable. Vous allez voir qu’en cherchant des substituts, petit à petit, on se rend compte qu’un monde sans plastique, c’est possible. Il reste encore quelques sujets à travailler, mais en tout cas, grâce à des marques et des PME industrielles comme Lactips, on pourra peut-être un jour se passer du plastique.

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